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La traduction des métaphores, des répétitions et la traduction onomastique dans la version anglaise de L'enfant noir de Camara Laye

Linguistics and Languages

La traduction des métaphores, des répétitions et la traduction onomastique dans la version anglaise de L'enfant noir de Camara Laye

Y. J. Waliya and A. A. Ajimase

Translation is both a technical craft and a natural gift: this study examines Camara Laye's L'Enfant noir — the first French-language sub-Saharan novel of the colonial era — and argues that faithful English retranslation requires deep cultural, traditional, social, political, economic and religious knowledge. Using onomastic analysis and identifying metaphors and repetitions, the authors critique existing unfaithful French–English renderings and suggest a retranslation. Research conducted by Yohanna Joseph Waliya and Angela Awhobewom Ajimase.

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~3 min • Beginner • English
Introduction
L'Enfant noir de Camara Laye, roman négro-africain de langue française, a été traduit en anglais par James Kirkup d'abord sous le titre Dark Child (1955), puis The African Child (1981). L'étude se concentre sur la traduction des métaphores, des répétitions, et l'onomastique (noms propres), non sur le titre, mais sur les personnages et autres référents nommés. Elle définit les figures de style (métaphore et répétition) et examine leur transposition vers l'anglais, posant la question de la fidélité et des procédés adaptés. L'objectif est de repérer dix métaphores et dix répétitions, d'effectuer une étude onomastique, d'analyser les incohérences de la traduction comparative et de proposer des voies de retraduction plus conformes au sens culturel et stylistique de l'œuvre pour un public anglophone.
Literature Review
La problématique discute la traduisibilité des figures de style et des noms propres, s'opposant à l'idée que certains noms seraient intraduisibles (Lecuit, Maurel, Vitas, 2011) et à la réduction de la traduction littéraire à une simple opération (Cary, 2015). Elle mobilise des cadres théoriques de traduction et de stylistique comparée (Vinay & Darbelnet, 1972), la sémasiologie culturelle de l'onomastique en fiction (Folkart, 1986; Ballard, 2001; Hébert, 2013; Paliczka, s.d.; Salmon via Jeanneret, 2011), ainsi que des réflexions sur les pratiques africaines du nom en littérature. Des définitions de la métaphore et de la répétition (Nayrolles, 1987; André, 2009) et des exemples d'auteurs africains (Achebe, Bebey) situent la spécificité stylistique des œuvres subsahariennes. L'étude souligne que le traducteur de genres littéraires doit maîtriser des connaissances sociolinguistiques et culturelles, étant donné les différences de syntaxe, de morphologie et de pragmatique entre le français et l'anglais.
Methodology
Cadre conceptuel: théorie de la traduction de la fiction subsaharienne, où les noms propres portent un sens culturel et où les figures de style contribuent à la philosophie des auteurs. Méthodes: 1) Analyse comparative entre le texte source (L'Enfant noir, 1953/1954) et la traduction anglaise (The African Child, 1981) pour identifier et évaluer dix métaphores et dix répétitions (Tableaux I et II), y compris les procédés de traduction (littérale, équivalence, transformation en comparaison). 2) Enquête sémantique onomastique: sondage auprès de six informateurs (quatre Malinkés et deux Peuhls à Gbagbobiri, Calabar, en 2017) pour documenter les sens culturels de noms tribaux et référents utilisés dans le roman. 3) Inventaire et classification onomastique de 65 noms propres selon types morphologiques (anthroponymes, ethnonymes, toponymes, chrématonymes, réonymes/référents culturels, chrononymes, théonymes), et évaluation de leur (in)traduisibilité (Tableaux III et IV). 4) Analyse critique des choix du traducteur et proposition de corrections ou d'alternatives de retraduction pour mieux préserver sens, style et valeurs culturelles.
Key Findings
- Métaphores: Trois procédés observés pour traduire du français vers l'anglais: traduction littérale, équivalence par expressions figées, et transformation de métaphores en comparaisons avec outils comparatifs (as/like). Plusieurs exemples montrent que la traduction littérale est souvent possible sans trahir le sens, mais que des changements de figure (métaphore vers comparaison) se produisent fréquemment. - Répétitions: Des divergences liées aux différences syntaxiques et morphologiques entraînent des pertes de sens, des ajouts (ex. "carefully") et des omissions. La répétition n°7 ("Ne pleure pas!" adressée à la mère) n'est pas traduite dans la version anglaise, illustrant une infidélité et une perte d'effet rhétorique. - Onomastique: Inventaire de 65 noms propres dans le roman. L'étude rapporte 42 noms traduisibles (environ 65%), 22 intraduisibles (environ 34%), et 7 noms à la fois traduisibles et intraduisibles (reportés à 1%). Les sens culturels de nombreux anthroponymes et toponymes (p. ex. Camara = gardien/conservateur; Diara = lion; Siguiri = mine d'or) renforcent la nécessité de connaître les significations pour une traduction adéquate. - Compétence requise: La traduction littéraire du roman nécessite une expertise sociolinguistique et culturelle pour préserver la philosophie de vie exprimée par les figures de style et les noms propres, et pour éviter des transpositions grammaticales inadéquates (p. ex. catégories modifiées).
Discussion
Les résultats montrent que la transposition fidèle du style de Laye exige plus que des procédés linguistiques standards: elle requiert une immersion dans les connaissances culturelles, sociolinguistiques et pragmatiques des communautés concernées. La possibilité de traduction littérale des métaphores dépend de la compatibilité des images et de la culture partagée; toutefois, le passage à la comparaison peut atténuer la force stylistique. Les omissions et ajouts dans les répétitions affectent le rythme, l'énergie expressive et la charge émotionnelle. L'onomastique, centrale en fiction subsaharienne, guide l'interprétation des rôles et du milieu social des personnages; sa méconnaissance engendre des pertes sémantiques et culturelles dans la langue cible. En conséquence, l'étude plaide pour une retraduction plus attentive, fondée sur l'analyse comparative et sur la consultation d'informateurs natifs pour élucider les sens des noms propres, afin d'ancrer la version anglaise dans ses milieux de réception sans trahir la vision de l'œuvre.
Conclusion
La recherche démontre que la traduction des métaphores et des répétitions dans L'Enfant noir vers l'anglais varie entre littéralité, équivalence et transformation en comparaisons, avec des impacts sur la fidélité stylistique. Elle confirme l'importance de l'expertise sociolinguistique et culturelle du traducteur, surtout pour l'onomastique, où une part significative de noms propres en contexte ouest-africain est traduisible tandis que d'autres nécessitent l'emprunt. L'étude recommande: 1) une retraduction de la version anglaise, corrigée pour préserver les effets rhétoriques et métaphoriques; 2) l'identification des sens des noms propres à partir du texte et via des locuteurs autochtones; 3) la formation des traducteurs à des compétences sociolinguistiques. Des pistes futures incluent l'application du cadre à d'autres œuvres subsahariennes, l'amélioration des ressources onomastiques et la constitution de corpus comparatifs pour affiner les stratégies de traduction.
Limitations
La théorie conceptuelle proposée n'est pas universellement applicable à toutes les œuvres africaines, certains auteurs adoptant des noms non indigènes en raison d'influences coloniales. La diversité géopolitique et socioculturelle rend certains noms propres difficiles voire impossibles à traduire hors de leur contexte. L'analyse se concentre sur un seul roman et s'appuie sur un petit échantillon d'informateurs (quatre Malinkés et deux Peuhls), ce qui peut limiter la généralisation des résultats. Des incohérences quantitatives rapportées dans les pourcentages de l'onomastique peuvent affecter l'interprétation statistique.
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